Les premiers résultats des élections en Bosnie tomberont aujourd'hui. Toutefois, tous les analystes s'accordent à penser que les candidats nationalistes arriveront largement en tête. Croates, Musulmans ou Serbes, les électeurs auraient voté à plus de 80%, en moyenne, pour le candidat le plus nationaliste de leurs appartenances respectives.
C'est Krezimir Zubar qui devancerait ses candidats pour les croates avec près de 84 % des voix. Le candidat-président Alija Itzebegovic s'assurerait 82% des suffrages des bosniaques musulmans. Quant aux Serbes, ils auraient plébiscité le leader nationaliste Momcilo Krajisnik avec plus de 78 % des voix. Des résultats, qui, pour ne pas être définitifs, indiquent tout de même une tendance lourde. Un paradoxe étonnant se dessine, en effet, entre ces élections censées fédérer les différentes composantes de la Bosnie, et qui traduisent, en fait, l'évident attachement de chaque camp à ses valeurs les plus nationalistes. L'élection d'un président commun aux trois communautés risque de s'avérer extrêmement difficilement gérable. Si, en effet, un serbe ultra-nationaliste remportait la victoire, comment imaginer qu'un tel homme, qui nie jusqu'à l'existence des bosniaques musulmans, puissent administrer leurs territoires ?
Plus que jamais, donc, le processus de paix en Bosnie révèle sa fragilité. L'OSCE et les différents observateurs de ces élections auront, bien sûr, pour tâche d'évaluer au mieux les résultats définitifs du scrutin, mais la très puissante poussée nationaliste des urnes sera un paramètre à prendre en compte le plus en amont possible, pour tenter de pallier tous dérapages irréversibles.